HISTOIRE

Le royaume d’Arménie

La ville d’Aghtamar et le royaume de Vaspourakan

Au Moyen-Âge, larégion de Van et l’Anatolie orientale tout entière était essentiellement sousle contrôle de familles puissantes qui exerçaient leur influence sur les dynastiesarméniennes. Au fil du temps, deux de ces familles se sont démarquées. L'uned'entre elles était la famille Bagratouni de la ville d'Ani et l'autre était lafamille Artsrouni qui dominait les Rechtounis. Au début du Moyen-Âge, le bassindu lac de Van, alors nommé Vaspourakan, appartenait aux Rechtounis. Le nom Vaspourakanest utilisé pour désigner la classe la plus noble des Sassanides. Les Artsrounireprirent le contrôle et s’installèrent dans une partie du territoire Rechtouniau Sud du lac de Van ; en peu de temps, ils s’étendirent à toutes les terres deVaspourakan, depuis lac d’Ourmia à l'Est du lac de Van jusqu’au Mont Ararat auNord et à la rivière Zap au Sud.

Au cours de la période abbasside, lorsque la souveraineté islamique fut pleinement établie, de nombreuses rébellions éclatèrent dans la région sous l'influence des gouverneurs arabes. Les souverains turcs furent chargés de réprimer ces rébellions. En 851, l'intervention du commandant turc Boga Al-Kebir réprima les troubles provoqués par le Prince Ashot de Vaspourakan dans la région de Van, et la paix fut restaurée. Pour empêcher ces rébellions arméniennes et contrer l’influence de l’Empire byzantin sur les Arméniens, Ali B. Yahya, nommé gouverneur de l’Arménie en 862, donna à Ashot Bin Smbat, de la famille Bagratouni, le titre de « Prince des Princes ».

Sous le règne de Muhammad Al-Afchin nommé émir d’Azerbaïdjan en 890 et fondateur de la domination turque nommée Sajides dans la région, Ashot Bin Smbat contrôlait la région de Van et versait des impôts aux Abbassides. Lorsque Smbat passa un accord avec l'Empereur byzantin Léon IV pour contrer les Abbassides, Muhammad Al-Afchin et la dynastie des Bagratouni s’éloignèrent l'un de l'autre. En conséquence, Al-Afchin se rapprocha de la dynastie Artsrouni et vainquit la dynastie Bagratouni.

Après la mort du Prince de Vaspourakan Grigor-Dérénik de la dynastie des Artsrouni, le bassin du lac de Van fut partagé entre ses fils, Ashot Sargis, Khatchik-Gagik et Gourgen. Al-Afshin profita de ces troubles pour soumettre les trois successeurs.

En 908, le calife Abbasside Muqtadir couronna le prince Artsrouni, Gagik, qui vivait dans la région de Vaspourakan au Sud-Est du lac de Van, et décerna le titre de royaume. Le mot Vaspourakan signifie « classe la plus élevée, la plus noble » en langue sassanide. Gevaş, qui s'appelait auparavant Vostan, en devint le centre. Le royaume fut autonome dans la gestion de ses affaires intérieures et dépendante des Abbassides dans ses affaires étrangères.

En temps de paix, après que le calife abbasside ait accordé le titre de royaume à Gagik, les deux frères, Gagik et Gourgen, entamèrent des grandes constructions à Vostan et à d’Aghtamar.

L'historien arménien Thomas Ardzuni, descendant de la même lignée que le prince Gagik, mentionne le roi Gagik comme étant un héros. Tout en soulignant qu'il fut un dirigeant pacifiste, clément et épris d'art, il évoque égamement la grande richesse du royaume pendant son règne. Toujours selon Ardzuni, les édifices les plus appréciés de Gagik étaient l’église, le palais, le monastère, la ville, le marché et le port de l’île d’Aghtamar, qui ont tous été conçus par Gagik lui-même. Le royaume Vaspourakan, qui avait son centre à Vostan, construisit de nombreuses œuvres autour du lac de Van à cette époque. La construction de l'église de la Sainte-Croix d’Aghtamar débuta en 915, sept ans après le début du règne de Gagik, et s'acheva en 921.

Le royaume de Vaspourakan commença à s’affaiblir après la mort de Gagik en 937. Il cessa d’être un royaume suite à un accord conclu entre l’Empereur byzantin Basile II et le roi Sénéqérim en 1021 pour devenir l’une des provinces orientales de l’Empire byzantin.

La conception spectaculaire du roi Gagik

Le Palais d’Aghtamar

Le palais, pour lequel le roi Gagik a également participé aux travaux de conception, a été construit sur une fondation rectangulaire. Sous les dômes en bronze doré, le style intérieur était spectaculaire avec un trône plaqué or. Ce magnifique palais est historiquement décrit dans les termes suivants :

« Le palais, qui ressemble à une masse d'un mélange de cuivre et de plomb, avec ses murs de trois pieds d'épaisseur faits de mortier de chaux et de blocs de pierre, semble donner l'impression qu'il s’élève au toit par lui-même, sans piliers porteurs ; cette structure est un véritable miracle et dépasse l’imagination. Les niches en conque, les coins, les passages incroyables sont éblouissants ; des ornements en or brillent de mille feux sur les coupoles aussi stables que le ciel : Celui qui souhaite les regarder doit retirer leur chapeau comme s'il rendait hommage à un souverain ; c'est seulement à ce moment qu'il peut contempler cette agitation unique de couleurs jusqu'à ce que son cou s’enraidisse. L'architecture du palais est tellement surprenante et extraordinaire que toute personne instruite examinant ne serait-ce qu’une seule pièce pendant des heures quitte le palais sans totalement réaliser ce qu'il a vu. Le trône doré sur lequel le prince est assis avec toute sa majesté est entouré d’hommes du palais aux yeux étincelants, d’une série de musiciens et de groupes de filles fascinantes. Les soldats qui attendent avec leurs épées dégainées, les guerriers prêts à se battre à tout moment, les lions et autres animaux sauvages ici et là, les oiseaux ornés de pierres précieuses sont également remarquables. S'il fallait tout raconter un à un, le narrateur et l'auditeur seraient épuisés. Les portes de ce palais d’une beauté au-delà de l’imagination sont aussi extrêmement élégantes et finement ornées ; quand ces portes à deux ailes sont ouvertes, une brise légère remplit l’intérieur ; toutes les portes correspondent les unes aux autres comme si elles provenaient d'un seul échantillon. »

Cette magnifique structure n’a malheureusement pas survécu à ce jour ; il n'en reste même pas une trace. Seule l'église construite à proximité du palais a subsisté. Selon Thomas Ardzuni, l'architecte Manuel « était un homme qui, grâce à ses connaissances et son talent, a réussi à faire de l'église un chef-d'œuvre architectural ».

Cette église, qui est effectivement l'une des œuvres les plus éminentes et importantes de l'art arménien médiéval, a survécu jusqu'à nos jours ; le roi Gagik et le moine Manuel nous ont laissé un patrimoine historique et culturel inestimable.

Royaume d’Arménie

Historique de l’église de la Sainte-Croix d’Aghtamar

Située au Sud-Est de l'île d'Aghtamar, l'église Holy Cross (Sainte-Croix) fut construite de 915 à 921 par l'architecte Manuel en tant qu’église du complexe palatial, sur l'ordre de Khatchik-Gagik Artsrouni Ier, qui devint roi de Vaspourakan en 908. Dans son ouvrage décrivant l'histoire de la dynastie des Artsrouni, Thomas Ardzruni explique en détail que la construction du palais, de l’église et des remparts de l'île d'Aghtamar, conçue et supervisée par Gagik lui-même pendant leur construction, ne fut achevée qu'en cinq ans.

Le royaume de Vaspourakan fut aboli par l'Empereur byzantin Basile II entre 1021 et 1022 et le dernier roi Sénéqérim fut contraint d'émigrer à Sivas et en partie à Kayseri en compagnie de 40.000 Arméniens. Suite à l'annexion du royaume Vaspourakan (12 châteaux, 4.400 villages, 115 monastères), l'église de la Sainte-Croix sur l'île d'Aghtamar cessa d'être une église de palais pour être transformée en monastère.

La structure principale de l'église, composée de plusieurs édifices, fut construite par le roi Vaspourakan Gagik Ier entre 915 et 921. Les parties du monument furent conçues par le roi lui-même et la réalisation fut entreprise par le moine et architecte Manuel.

Lorsque le royaume Vaspourakan fut aboli en 1021, plusieurs sections furent ajoutées à la structure principale en 1113. À partir de cette date et jusqu'en 1895, il fut le centre du Patriarcat arménien de la région. À la fin du XIIème siècle, plusieurs nouvelles sections furent additionnées au bâtiment qui devint un complexe architectural. Le monastère arménien dédié à la Sainte-Croix subsista après le XVIème siècle, tandis que les habitations civiles disparurent de l’île. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, environ trois cent moines vivaient dans le monastère qui fut abandonné après les événements de 1895 et 1915. Lorsque l'île fut abandonnée en 1918, l’ensemble des bâtiments du monastère furent complètement détruits, et l'église ainsi que les édifices annexes furent endommagées.

Les travaux de restauration entrepris par le Ministère de la Culture et du Tourisme ont débuté en 2005. Les travaux de restauration ont été réalisés sur la structure principale de l'église d'Aghtamar, la salle communautaire située à l'Ouest de l'église ainsi que les chapelles situées au Sud-Est et au Nord-Est de l'église. Les fouilles scientifiques réalisées pour dégager les sections complémentaires de la structure principale située au Sud de l'église ont été réalisées entre le 24.03.2006 et le 25.08.2006. Les fouilles ont couvert une superficie d’environ 3.435 m² et ont révélé la section comprenant des pièces alignées autour d’une cour, le bâtiment de service, la cuve et le séminaire au Sud de l’église.

Il existe également une célèbre légende sur l'origine du nom de l’Île d'Aghtamar. Selon la légende, il y a fort longtemps, un moine vivait sur l'île d'Aghtamar. Ce moine avait une fille d'une beauté exceptionnelle nommée Tamara. Tamara était si belle que tous les jeunes hommes l’ayant vue l’admiraient.

Alors que tous les jeunes hommes de Van la convoitaient, Tamara tombe amoureuse d'un jeune berger turc qui promenait son troupeau autour de l'île. Les deux élaborent une stratégie ; le jeune homme nagera du rivage jusqu’à l’île toutes les nuits, pendant que Tamara tiendra une lanterne à son amoureux pour l'aider à trouver l'île dans l’obscurité de la nuit. Et ils appliquent leur méthode. Le jeune homme nage tous les soirs jusqu’à l'île, été comme hiver, en défiant vagues et tempêtes puis retourne à la nage avant le lever du jour. Au bout d'un certain temps, le moine découvre leurs rencontres. Il change alors continuellement l'emplacement de la lanterne pour forcer le jeune homme à nager en vain et à s'épuiser. Le jeune homme nage, nage et nage ... jusqu’à ce qu’il n’ait plus de force dans ses bras. Plus il nage vers la lumière, plus il semble qu’elle s'éloigne. L'eau commence à entraîner le jeune homme qui s’est épuisé à la nage. Il n’a plus d’énergie pour mouvoir ses bras. Il hurle avant de se noyer dans les flots du lac : « Ah Tamara, Ah Tamara ! ». Ses cris résonnent dans les falaises et parviennent jusqu’à Tamara. Réalisant qu'elle a perdu son être cher, elle se laisse immédiatement emporter par les vagues violentes et disparaît. À la suite de cette histoire douloureuse, l’île est nommé « Ah Tamara ! ». L'histoire d'Ah Tamara est devenue une légende avec la narration du poète arménien Hovhannes Tumanyan.

Toutefois, les liens entre cette histoire et la réalité semblent faibles. Il est plus probable que le nom Aghtamar, dont l’usage est attesté à partir du IXème siècle, dérive de la racine arabe « GHMR » qui signifie « crête, bosse ».





Histoire du Patriarcat d’Aghtamar (921-2019)

Chronologie du Patriarcat d’Aghtamar

921 / Face à l'insistance du roi Gagik, qui souhaitait voir d’Aghtamar comme un diocèse autonome, le catholique Kevork nomme le neveu du roi, Yeghishe, archevêque d’Aghtamar.
927 / Après les tentatives du roi Ashot Erkath (de Fer) Bagratouni et de son rival Ashot Shapouhian de sauver la ville de Dvin de l'oppression de l'Émir arabe, le siège du patriarche est transféré de Dvin à d’Aghtamar pour des raisons sécuritaires.
928 / Après la mort d'Ashot II Bagratouni, Gagik assume le droit de nommer le patriarche.
943 / Le siège du patriarche est transféré dans la ville d’Argina, près d’Ani.
966 / L’évêque Stephen, qui visait à devenir le patriarche de l’ensemble du Nord de l'Arménie, est exilé à d’Aghtamar.
1112 / Après une longue période sans ressources ni nouvelles, le patriarche Basile fuit Ani et cherche protection à d’Aghtamar, où il avait la plus haute autorité religieuse. Il nomme Gregory, quinze ans, pour lui succéder.
1113 / Basile décède et l’évêque David, qui avait le soutien des cinq autres prêtres, se révolte contre les décisions et s’auto-déclare Patriarche.
1114 / Un grand prêtre et une assemblée féodale comptant au moins 2.500 personnes excommunient David. Ils échouent cependant à faire appliquer leur décision et David continue à accomplir sa mission.
1165 / Stephen, qui convenait à l’affectation, est nommé patriarche.
1200-1225 / Les puissantes principautés féodales du Sefedinian deviennent les souverains de la région d’Aghtamar.
1227 / Le patriarche Stephen II Narekatsi décède, comme le décrit un "Kackar" conservé dans le monastère de la Résurrection, dans le village de Devaboynu sur les rives du lac de Van.
1272 / Le fils aîné du roi Sefedin, Stephen III Sefedinian est nommé patriarche.
1276 / Dans la région de Vapourakan, le patriarche Stephen et Léo, le fils de la reine Zabel sont mentionnés dans un manuscrit de l'auteur Romanos.
1291 / Une inscription dans l'église de la Résurrection dans un village de la région de Metsop mentionne le fondateur de l'église, le père Abraham, le patriarche Stephen et le roi Arghoun-Han.
1293 / Le patriarche Stephen est également mentionné dans un manuscrit du Monastère de Varag.
1293-1307 / Au cours de ces années, Anavarza Gregory, en correspondant avec le roi cilicien Hetoum, tente de faire annuler la décision d'excommunication du patriarche d’Aghtamar rendue par le patriarche Gregory. Durant cette période, le patriarche d’Aghtamar est Zacearía.
1296 / Le patriarche Zacearía est remarqué pour ses relations amicales avec Stephen Orbelian, originaire de capitale de Siounik.
1297 / Le patriarche Zacearía est mentionné dans un texte de la Bible reproduit à d’Aghtamar.
1303 / L'historien David d’Aghtamar décrit la chute de la Dynastie des Artzruni. Le patriarche Zacearía et Stephen Orbelian sont également mentionnés.Jusqu'en
1336 / Dans l'église de la Sainte-Croix du patriarche Zacearía se trouvent deux « gavit¹ », l'un faisant face à l'Ouest et l'autre à l'Est. Zacearía peut également être considéré comment étant à l’origine de la construction de l'église Saint George sur l'île de Lim et des autres structures du monastère.
1336 / Probablement cette année, Stephen, neveu de Zacearía, est nommé patriarche.
1340 / Dans ses écrits, Nerses Palients attaque les Arméniens et le patriarche d’Aghtamar; il critique surtout l'affectation du successeur alors que le patriarche était encore en vie, et le fait que celui-ci devait nécessairement appartenir à la dynastie des Artsrouni.
1345 / Lors d'un synode² tenu dans la ville de Sis (Cilicie), le patriarche Mkhitar « L’Archevêque » tient des propos irrespectueux sur le patriarche d’Aghtamar. Même l'historien de Tabriz, David, le qualifie d’« Anti-patriarche ».
1346 / Le patriarche Zacearía meurt : sa tombe avec l'inscription se trouve encore sur l'île. Son neveu, David, monte sur le trône à une époque où le pays était en grande difficulté.
1369 / Zacearía, connu plus tard sous le nom de « Martyr », devient le patriarche.
1393 / Le patriarche Zacearía devient un martyr : Il fait l'objet d’un poème de Gregory de Khlat, décrit comme le frère de son successeur David. Sur l'île, un « kackar » subsiste à la mémoire de ses parents.
1409 / Gregory de Tathev, membre de la communauté du monastère d’Aghtamar, devient plus tard une personnalité politique et un écrivain célèbre. Il ne se limite pas à cela en tenant des propos irrévérencieux et fait excommunier les Catholicos d’Aghtamar.
1410 / Marchant sur les pas de Gregory de Tathev, le patriarche Jacques approuve l'excommunication d’Aghtamar et excommunie également le patriarche de Sis (Cilicie). Cependant, Gregory de Tathev a été incapable de séparer le diocèse de la région Kadchberouni d’Aghtamar.
1431 / Le Kurde Peri-bek conquit l'île et la région d’Aghtamar. Le patriarche David se réfugie pendant deux ans dans le village d'Ourants dans la région de Mokk, puis retourne à d’Aghtamar suite à l'accord de paix.
1434 / David assigne son successeur Zaccaria.
1441 / Le patriarche de l’ensemble de l'Arménie, Kirakos, annule l'excommunication du patriarche d’Aghtamar.
1459 / Le patriarche Zaccaria, affaibli par l'oppression et les pillages menés par Ghlidj-Aslan, sollicite l'aide du roi persan Djahanshah, qui réussit à sauver la région et à rétablir l'ordre et la loi.
1460-1461 / Un grand synode rétablit Edchmiatzin en tant que siège du patriarche, auquel est nommé Kirakos de Virap contrairement aux vœux de Makrak Gregory. Après avoir remplacé Kirakos lui-même, grâce aux dons exceptionnels qu'il a reçus du roi Djahanshah, le patriarche Zaccaria obtient le droit de devenir simultanément le patriarche d’Aghtamar et de Edchmiatzin, où il envoie Gregory en exil.
1460-1500 / Une source fiable établit que le patriarche d’Aghtamar a détenu pendant une brève période le pouvoir juridiciaire à Edchmiatzin.
1461 / Le roi Djahanshah et le sultan Khlat (Ahlat) Dchahangir entrent en conflit cette année. Djahanshah conquiert Khlat et se prépare à marcher contre Baghesh (Bitlis), Sason et Taron, mais Zaccaria craint une catastrophe. Ce dernier se présente alors en tant que médiateur et persuade Djahanshah de retourner sur ses terres.En décembre, Djahanshah marche contre Chiraz et Kerman pour réprimer plusieurs rébellions locales. Son fils Hasen-AI monte un complot contre Zaccaria pour le prendre en otage en vue d’obtenir les trésors d'Edchmiatzin comme rançon. En apprenant le complot, Zaccaria s'enfuit à Van avec les trésors et cherche refuge dans les environs de Mahmat-Bek. Le beau-frère de Djahanshah l'accompagne jusqu’à d’Aghtamar.
1462 / Zaccaria laisse les trésors au monastère d’Aghtamar et retourne à Edchmiatzin avec son neveu Stephen, qui sera plus tard élu archevêque de la ville.1464 / Le patriarche Zaccaria est empoisonné à Edchmiatzin et remplacé par Stephen à d’Aghtamar et Aristakes à Edchmiatzin.1466 / Smbat, le cousin du patriarche Stephen, devient le roi des Vaspourakan avec l'aide de Djahanshah; cependant, son règne n'a jamais eu de signification politique.
1467 / Stephen parvient rapidement à conquérir le patriarcat et réaffirme plus tard son indépendance. Le roi Djahanshah meurt la même année ; son fils, Hasan Bek, adopte une position politique très négative à l'égard d’Aghtamar; le petit règne des Vaspourakan prend alors fin.
1473 / Une nouvelle ère de guerres, de catastrophes et de luttes politiques débute à partir de cette date. Les Perses, les Mésopotamiens, les Azerbaïdjanais et le roi arménien Ouzoun-Hasan Agh-Ghoyanllou sont lourdement vaincus par les Ottomans près de la ville de Derchan.1489 / Le patriarche Stephen décède et est remplacé par Zaccaria, fils du roi Smbat.
1490-1495 / Durant cette période, le neveu du roi Uzun Hasan, qui deviendra plus tard le Shah Ismail, est invité à d’Aghtamar avec Cheikh Haydar, qui a miraculeusement sauvé le neveu du roi du massacre.
1491 / L’émir Sofi de Tabriz échoue à conquérir d’Aghtamar. 1496 / Il s’agit de la date probable du décès du patriarche Stephen qui est remplacé par Atom.
1499 / Les Kurdes de la région, profitant du lac recouvert de glace, envahissent le monastère d’Aghtamar et ses environs, puis pourchassent et massacrent de nombreux Turcs et Arméniens.
1500 / Le roi Shah Ismail conquiert de nombreuses régions, y compris la région de Vaspourakan. La période de confusion qui a débuté en
1473 prend fin cette année.
1510 / Dans cette courte période, Jean devient le patriarche, suivi de Gregory ; Gregory reste le chef de l'église pendant près de trente ans et laisse, entre autres, les fruits d'une activité littéraire importante.
1512 / Le roi Shah Ismail et le patriarche John sont évoqués dans la Bible écrite par Joseph.1534 / À la fin des longues guerres menées contre le roi persan Shah Tahmasp, les Turcs ottomans conquièrent l’Arménie toute entière ainsi que la région de Vaspourakan.1544 / Grégoire II devient le patriarche d’Aghtamar et règne pendant près de quarante ans.
1586 / À partir de cette date, le patriarche Grégoire III, nommé Gregory le Petit, règne probablement jusqu'en 1612.
1606-1660 / Il n'y a pas eu d'événement historique notable au cours de cette période. D'après une lettre provenant du patriarche de Sis (Cilicie), nous savons qu'une relation importante a été établie entre les patriarches d’Aghtamar et d’Edchmiatzin au cours de ces années. Phillip (1632-1655), le patriarche d’Edchmiatzin, réussit à étendre son influence jusqu’au patriarche d’Aghtamar.
1661-2 / Profitant de l'agitation de la guerre turco-perse, le patriarche d’Aghtamar Martiros se tourne vers Fatih Sultan Mehmet Han pour demander l’obtention par d’Aghtamar des régions des diocèses de Van, Berkri, Ardjesh, Khlat, Baghsh, Moush et Hoshap aux dépens d’Edchmiatzin. Cependant, le sultan, étant également sollicité par le patriarche d'Edchmiatzin, publie un décret en faveur de ce dernier.
1669 / Le patriarche John Toutioundchi entreprend des travaux de restauration au monastère de Varag qui a été détruit lors du séisme.1670 / La date du décès du patriarche Peter est gravée sur sa tombe au cimetière d’Aghtamar.
1671 / Stephen, le successeur du patriarche Pierre, est évoqué dans une Bible portant cette date.
1677 / Dans une Bible conservée dans une église du village de Dasht, dans la région de Mokk, Karapet est décrit comme étant le successeur du patriarche Phillip.
1681 / Bien qu'il ne soit pas officiellement nommé, Thomas devient le patriarche d’Aghtamar.
1682 / Cette année-là, le patriarche Thomas reçoit la reconnaissance du patriarche d’Edchmiatzin Yeghiazar et confirmé en tant que patriarche d’Aghtamar.1696 / Le patriarche d’Edchmiatzin Nahapet limoge le patriarche d’Aghtamar. Thomas en raison de leur ressentiment personnel et assigne l’évêque Avetis.
1697 / Le patriarche Thomas réagit avec l'aide de Dursun Pacha et reprit le diocèse de Van en nommant Sahak Artsketsi pour le remplacer, contrairement aux souhaits du Patriarche d'Edchmiatzin.1698 / Sahak Artzketsi décède quatre mois seulement après sa nomination.
1699 / John Ketzouk devient patriarche jusqu'en 1704.1705 / John fut suivi par le patriarche Hayrapet I, qui ne règne que pendant deux ans.
1707 / Le patriarche Hayrapet décède et Gregory lui succède jusqu'en 1711.
1720 / John Hayots-Dzoretsi est nommé patriarche.1725 / Un livre écrit au monastère d'Arberd décrit la création de nombreuses œuvres architecturales par le patriarche de Hizan Gregory, notamment dans le Monastère d'Akhavank.1736 / Nicolas de Sparakert est nommé patriarche. Après son accession au pouvoir, il apporte un important soutien à la vie culturelle du monastère.
1743 / Le patriarche Nicholas commence de nouveau à étendre l'influence religieuse du monastère et du patriarche d’Aghtamar. Pour cela, il envoie le père Alexandre à Istanbul afin d'obtenir du sultan un décret pour que les diocèses de Van, Baghesh et Moush soient réaffectés sous l'autorité d’Aghtamar. Le décret obtenu, le père Alexandre confisque tous les biens et les impôts déjà perçus dans ce diocèse, ainsi que tous ceux à remettre au représentant du monastère d’Edchmiatzin.
1746 / La réponse du monastère d’Edchmiatzin ne se fait pas attendre. Le patriarche Lazzarus proteste vigoureusement contre le tribunal d'Istanbul et obtient un nouveau décret lui attribuant le titre de patriarche d'Edchmiatzin, avec l'aide du patriarche arménien de la ville, James. Le patriarche d’Aghtamar, Nicolas, est arrêté et emprisonné.
1747 / Tous les membres du monastère d’Aghtamar et de nombreuses autres autorités religieuses de la région se rendent auprès du patriarche Lazzarus afin d’obtenir la grâce pour le patriarche emprisonné. Lazzarus consent à le libérer, mais réussit en retour à annexer le monastère d’Aghtamar, et sa zone d'influence à Edchmiatzin. Le patriarche Nicolas est également contraint de remettre l’ensemble des biens provenant des impôts, droits, dons et autres revenus au monastère rival.
1751 / Nicholas décède et son successeur déclare son indépendance en totale violation des accords avec Edchmiatzin.
1761 / Thomas devient le patriarche d’Aghtamar; il maintient sa déclaration d’indépendance, mais à la suite d’une situation économique difficile, il est contraint de se rendre à Edchmiatzin pour renouveler les anciens accords avec le patriarche Jacques afin d'obtenir son soutien économique.
1764 / Conformément aux accords envisagés par le monastère d’Edchmiatzin, le patriarche Thomas rédige un texte régissant les relations futures entre les deux institutions.1783 / À la mort du patriarche, Karapet adopte une attitude ouvertement hostile à l'égard du siège d'Edchmiatzin, mais parvient néanmoins à obtenir l'approbation du patriarche Luke.
1788 / Cependant, par la suite d’autres justifications du patriarche Karapet, Luke renonce à son attitude positive et désigne Mark comme patriarche d’Aghtamar.
1792-1794 / Theodor devient le patriarche d’Aghtamar durant ces deux années.1796 / Le patriarche Michael, qui devait succéder à Karapet, devient le symbole de nombreuses musiques religieuses.
1803 / Khatchatour Vanetsi devient le patriarche : en raison de ses actions, il est nommé plus tard « Le Miraculeux et parfait ».
1804 / Le patriarche Karapet meurt d'une crise cardiaque et est enterré dans le cimetière d’Aghtamar.
1823 / Haroutioun meurt et John de Shatakh lui succède.
1843 / Suite au décès de John, le patriarche arménien d'Istanbul tente à tout prix d'empêcher l'attribution d’un nouveau patriarche sous prétexte que le siège d’Aghtamar était directement lié à la ville d'Istanbul. En dépit d’une forte opposition, Khatchatour Mokatsi, membre du monastère, se déclara lui-même patriarche ; mais bientôt le sultan d'Istanbul, exauçant les vœux des patriarches, exile le patriarche rebelle à Nicopoli (Sebinkarahisar).
1846 / Après une période de trois ans, Khatchatour est autorisé à retourner au monastère d’Aghtamar à condition de ne participer à aucune activité politique.
1854 / Gabriel, qui avait renoncé au titre quelques années auparavant, décède. Il est remplacé par l'abbé Vardapet Khatchatour.
1858 / Un accord fut enfin conclu entre le patriarcat d'Istanbul et le monastère d’Aghtamar. Toutefois, la vie dans le monastère n’a pas toujours été totalement sereine du fait que les luttes de pouvoir incessantes (l'une des plus violentes fut menée par Hakob Yedesatsi) entravaient l’exercice du patriarche Peter Piuolpioul.
1864 / Khatchatour Shiroyan organise un complot contre le patriarche Peter pour l’assassiner et devient patriarche lui-même.
1868 / Khatchatour Shiroyan échoue à étouffer cette nouvelle scandaleuse ; il est convoqué à la cour d'Istanbul et jugé pour le meurtre du patriarche Pierre, mais n’est finalement pas jugé coupable. Il a pu retourner à d’Aghtamar en maintenant son titre de patriarche.
1876 Khatchatour reçoit la médaille Mecidiye du Sultan ottoman.
1895 / Le patriarche Khatchatour meurt et le diocèse d’Aghtamar est définitivement lié au patriarcat d'Istanbul.
1900 / d’Aghtamar devient un monastère ordinaire, dirigé par un abbé dans l’ensemble des 193 églises et 41 monastères et lié aux régions d'Uvaash, Shatakh, Nortouz et Mokk. La ville de Khizan et les villages environnants (109 églises et 17 monastères) considéraient le monastère d’Aghtamar comme leur centre religieux.
1917 / Le monastère cesse l’ensemble de ses activités et finit par être abandonné en raison des conditions politiques défavorables.
1951 / La démolition de l'Église est évitée par Yaşar Kemal et le soutien d'un groupe l'accompagnant.
2005 / Les travaux de restauration commencent.
2007 / L’église est inaugurée en tant que « Musée-mémorial » avec une cérémonie internationale.
2010 / La première cérémonie, organisée une fois par an avec une permission particulière, a lieu.
2019 / L’église est conservée en tant qu’œuvre architecturale rare et secret d'Anatolie.

¹Un « gavit » ou « zhamatun » est adjacent à l'Ouest de l'église dans un monastère médiéval arménien. Le narthex désigne un sanctuaire et une salle de réunion.
²Le « konsil » correspond à la congrégation du clergé pour résoudre les conflits religieux ou exécutifs dans le christianisme. Le terme est dérivé de la version latine « concilium » provenant elle-même du terme grec « sinodos » qui signifie « réunion », « conseil ».

Au Moyen Âge, la région de Van ainsi que l’ensemble de l’Anatolie orientale étaient en grande partie sous le contrôle de familles puissantes qui exerçaient leur influence sur les dynasties arméniennes. La région de Van était sous la domination de la famille Artsrouni.

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Détails Architecturaux

L'église d’Aghtamar attire l'attention avec la richesse de ses sculptures en relief sur pierre d’une rareté mondiale dont les sujets sont tirés de la Bible et de la Torah. Elle occupe à cet égard une place particulière dans l'art chrétien oriental et occidental.

SECTIONS DE L’ÉGLISE

Les sections architecturales de l’église d’Aghtamar du passé à nos jours

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EMBOSSMENTS

The most prominent ornaments in the history of Armenian Architecture.

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RELIEFS

The most extensive mural paintings of its era

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Detailed architectural drawings of Akdamar Church

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